Menu
Libération
Reportage

Egypte, année zéro

Article réservé aux abonnés
Au Caire, Bernard-Henri Lévy a rencontré les activistes du soulèvement, des intellectuels, des femmes, des blogueurs. Paroles délivrées entre espoir et joie.
publié le 26 février 2011 à 0h00

C'est ici que tout a commencé. Et c'est ici que, plus que jamais, tout se joue. Il faut imaginer une place grande comme deux fois celle de la République, à Paris. Des tanks à la croisée de chacune des rues adjacentes. Des enfants montés sur les tanks et fraternisant avec les soldats. Une foule joyeuse, 500 000 personnes, peut-être plus, filles très jeunes et tête nue mêlées à des garçons aux joues peintes aux trois couleurs du drapeau égyptien. Des fanions, brandis au-dessus des têtes. Des cornes et des trompettes. Des feux d'artifice. Des banderoles en hommage aux «martyrs», aux «disparus» ou, tout simplement, à «l'Egypte» et où je ne repère, de la soirée, pas un slogan anti-occidental.

Une kermesse ? Un côté supporters de match de foot ? Oui, sans doute. D'ailleurs, on prend l'un de mes compagnons de voyage pour un entraîneur portugais. Et c'est à ce titre qu'on le hisse sur une estrade improvisée et lui demande de dire quelques mots. «Vive Tahrir. Vous avez pris Tahrir comme la France a pris la Bastille. Et vous faites, sur Tahrir, la première révolution du XXIe siècle.» A quoi lui répond une clameur. Celle de cette Commune cairote qui tient, sans discontinuer ou presque depuis trois semaines, la place Tahrir. On reproche parfois à Tahrir de n'avoir ni programme ni leader. Mais c'est que Tahrir «est» le programme. Et le peuple, sur Tahrir, est, comme chez Sartre, son propre leader.

Acheter le mot-clé «Moubarak»

Lendemain matin. Tahrir toujours. En