Les réfugiés qui continuent d’affluer à la frontière avec la Tunisie, comme les témoignages recueillis à Tripoli, font état d’une grande inquiétude des populations.
Ahmed Ali Ahmed
Ahmed, 32 ans, a passé la frontière avec sa petite fille, sa femme et quatre membres de sa famille, vendredi en début d’après-midi. Originaire du sud égyptien, il travaillait comme menuisier à Zaouia, à 60 km de Tripoli. Les yeux rougis par la fatigue, il raconte son périple.
«Cette rue où nous sommes [le poste-frontière, ndlr] nous sépare de la terreur. On a quitté la ville ce matin à 7 heures. La veille, c'était terrible. Il y avait des combats très violents entre les militaires et les habitants. J'ai vu au moins une dizaine de morts dans les rues. Ce matin, c'était plus calme. On a pris un taxi et on est venu ici en Tunisie. A Zouara [à 120 km de Tripoli], les militaires nous ont fouillés, ont pris nos téléphones portables, puis nous ont dit de partir.»
Ahmed
Ahmed boit du lait et mange du pain, épuisé. Cet ouvrier égyptien de 20 ans a franchi la ligne frontière de Ras Jedir, vendredi matin, après avoir assisté aux combats de Zaouia jeudi.
«Des hommes tiraient dans la foule en pleine rue. Des scènes d’une violence inouïe. Ce n’était pas des militaires, mais des gens en armes, des miliciens, des mercenaires. J’ai vu un jeune de 17 ou 18 ans tomber et mourir devant moi, victime d’une balle dans la gorge. Alors les manifestants ont ch