Au centre du Caire, la rue est toujours barrée par un cordon de l'armée. Pourtant, il n'est pas un Egyptien qui ne connaisse la silhouette épaisse du QG d'Amn el-Dawla, la Sécurité de l'Etat. «Là où le régime broyait l'Egypte», dit Mahmoud Samir, 57 ans. Rencontré place Tahrir, il a hurlé, comme on crache, son dégoût d'Amn el-Dawla et d'Habib el-Adly, l'ex-ministre de l'Intérieur. Le 28 janvier, ce ministère a été la principale cible des manifestants. Lundi dernier, El-Adly a été déféré devant un tribunal pour corruption. «On ne pardonnera jamais à la Sécurité de l'Etat d'avoir tiré sur le peuple», dit Mahmoud.
Evanouie. Est-ce son vrai nom ? Grimace gênée. Vieux réflexe : «ils» sont encore là, dit-il, désignant ces civils aux lunettes de soleil, qui errent au milieu des badauds, téléphone portable à la main, filmant les visages, écoutant les conversations. Plus d'un million de personnes composent les deux bras du système, la Sécurité de l'Etat et la sécurité centrale (Amn el-Merkazi), qu'on voyait depuis des années déployées par milliers pour contrer les manifestations. Un appareil répressif dont les ONG de droits de l'homme ont longtemps dénoncé le recours systématique à la torture. Evanouie des rues du pays le 28 janvier au soir et remplacée par l'armée, la police a fait un retour discret depuis peu. Discrète au possible, quasi absente.
Les commissariats dévastés - près d'une vingtaine au Caire - ont été repeints à la va-vite. Ma