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Libération

En Egypte, la police retrouve timidement son poste

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La défiance de la population reste immense envers ce symbole du système sécuritaire de Hosni Moubarak.
publié le 28 février 2011 à 0h00

Au centre du Caire, la rue est toujours barrée par un cordon de l'armée. Pourtant, il n'est pas un Egyptien qui ne connaisse la silhouette épaisse du QG d'Amn el-Dawla, la Sécurité de l'Etat. «Là où le régime broyait l'Egypte», dit Mahmoud Samir, 57 ans. Rencontré place Tahrir, il a hurlé, comme on crache, son dégoût d'Amn el-Dawla et d'Habib el-Adly, l'ex-ministre de l'Intérieur. Le 28 janvier, ce ministère a été la principale cible des manifestants. Lundi dernier, El-Adly a été déféré devant un tribunal pour corruption. «On ne pardonnera jamais à la Sécurité de l'Etat d'avoir tiré sur le peuple», dit Mahmoud.

Evanouie. Est-ce son vrai nom ? Grimace gênée. Vieux réflexe : «ils» sont encore là, dit-il, désignant ces civils aux lunettes de soleil, qui errent au milieu des badauds, téléphone portable à la main, filmant les visages, écoutant les conversations. Plus d'un million de personnes composent les deux bras du système, la Sécurité de l'Etat et la sécurité centrale (Amn el-Merkazi), qu'on voyait depuis des années déployées par milliers pour contrer les manifestations. Un appareil répressif dont les ONG de droits de l'homme ont longtemps dénoncé le recours systématique à la torture. Evanouie des rues du pays le 28 janvier au soir et remplacée par l'armée, la police a fait un retour discret depuis peu. Discrète au possible, quasi absente.

Les commissariats dévastés - près d'une vingtaine au Caire - ont été repeints à la va-vite. Ma