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Libération
EDITORIAL

Otage

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publié le 28 février 2011 à 0h00

Bien trop tard, Sarkozy a enfin pris la mesure du «printemps arabe» qui emporte la Méditerranée. Deux mois après l’immolation du jeune Tunisien Mohammed Bouazizi, le président français a enfin reconnu que les peuples arabes prenaient leur destin en main au nom de la démocratie et de la liberté, des droits de l’homme et de la justice. Des valeurs universelles que partagent désormais les deux rives de la Méditerranée. Mais ses quelques minutes d’un discours sans souffle tenaient du rattrapage. Le silence de la France face à ce bouleversement historique restera l’un des grands manquements de ce Président qui se voulait homme d’Etat. La France a littéralement manqué ce rendez-vous majeur avec l’histoire qui était en train de se faire à ses portes. Prisonnier de considérations politiques intérieures, Sarkozy a gardé plus que de raison une ministre totalement discréditée au moment où la France aurait dû faire entendre haut et fort sa voix. Comme si la base de l’UMP comptait plus que les révoltés de Tripoli, du Caire ou de Tunis.

Quant à justifier aujourd’hui ce remaniement forcé et précipité par le printemps arabe, la ficelle est un peu grosse. Sarkozy en perdition dans les sondages a avant tout cherché à mettre en ordre de bataille un gouvernement usé quelques mois après un précédent remaniement manqué. Au lieu de partager l’espoir que nourrissaient ces révoltes, il a de nouveau usé de la peur des flux migratoires. Comme si la politique extérieure de la France était devenue otage