Menu
Libération
TRIBUNE

Révolte en Orient, le rêve de Lawrence d’Arabie

Article réservé aux abonnés
par Emmanuel Tugny, Ecrivain, musicien
publié le 28 février 2011 à 0h00

Ce qui vient sous nos yeux d’un pas lent et sûr au-devant de Thomas Edward Lawrence, Lawrence d’Arabie, de Dinard, d’Oxford, d’Aqaba, de Damas et de Moreton, dans une brume d’or à nulle autre pareille, ce n’est pas la beauté dangereuse d’Omar Sharif.

Ce qui vient au-devant de Lawrence, ce n’est pas la marche sereinement cahotante de la monture fantomatique de Shérif Ali Ibn el-Kharish chez David Lean, dans le silence qui succède à la beauté pure des volutes orientalistes de Maurice Jarre.

Ce qui vient au-devant de Lawrence, depuis plus de deux mois déjà, de Tunisie, d’Egypte, d’Algérie, du Yémen, de Bahreïn, de Libye, lentement mais irrésistiblement, c’est son rêve.

En 1916, Lawrence l'universitaire est en mission au Caire pour informer le gouvernement britannique des complots nationalistes arabes contre l'Empire ottoman. Il convainc les tribus arabes (la «Révolte arabe», dit-il) de faire bloc contre l'autorité turque. Il convainc des peuples épars de faire mouvement ensemble contre le despotisme. Il le fait contre l'avis de ses chefs, qui voient dans cette constitution de fait d'une nation antidespotique un danger à venir. Il a un rêve et ce rêve est d'abord un rêve vainqueur. A Aqaba, à Damas. Des tribus se liguent, une nation sourd du rêve et de l'amour du savant, du stratège et du poète.

Lawrence va plus loin, il se fait le chantre de l’indépendance de la Syrie, professe auprès de ses interlocuteurs la nécessité d’asseoir la nation arabe sur des principes laïques. I