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Analyse

Tunisie : une révolution qui n’en finit pas

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La démission hier du Premier ministre, Mohamed Ghannouchi, proche de Ben Ali, après la mort de 5 manifestants samedi, plonge le pays dans l’incertitude, plus d’un mois après la chute du raïs.
Le Premier ministre tunisien Mohammed Ghannouchi annonce sa démission à la presse, le 27 février 2011 à Tunis. (© AFP Fethi Belaid)
publié le 28 février 2011 à 0h00
(mis à jour le 28 février 2011 à 12h58)

Un Premier ministre qui démissionne au lendemain de la violente répression d'une manifestation ayant causé cinq morts : elle est peut-être là, la vraie révolution tunisienne. Mohamed Ghannouchi, contesté depuis plusieurs semaines, a finalement jeté l'éponge hier après-midi. «J'ai décidé de démissionner de ma fonction de Premier ministre», a-t-il déclaré hier sobrement, ajoutant : «Je ne serai pas le Premier ministre de la répression.» Avec cette démission, le dernier symbole du benalisme quitte le pouvoir comme le réclamaient des opposants qui, depuis deux jours, manifestaient à Tunis.

La capitale a connu, vendredi et samedi, ses rassemblements les plus importants, mais aussi les plus violents depuis le début de la révolution : 100 000 manifestants, selon le ministère de l’Intérieur, ont ainsi investi la Kasbah et l’avenue Bourguiba. Mais, vendredi comme samedi, les manifestations ont dégénéré dans l’après-midi quand une partie des protestataires s’est massée devant le ministère de l’Intérieur, symbole par excellence de l’ancien régime, attaqué à coups de pierres. Les forces de l’ordre ont alors dispersé les rassemblements avec une violence inouïe, provoquant cinq morts et des dizaines de blessés. Le centre de Tunis a été le théâtre de scènes de guérilla urbaine, qui se sont poursuivies hier, et d’une véritable chasse à l’homme. Tandis qu’à Kasserine, dans le centre du pays, l’armée a tiré à balles réelles dans les jambes de manifestants pour les empêcher d’