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Libération

Les élites dans le creux des révolutions

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publié le 1er mars 2011 à 0h00

La théorie économique peut-elle faciliter notre compréhension des mouvements révolutionnaires dans le monde arabe et du renversement des régimes totalitaires en Tunisie, en Egypte et, sans doute demain, en Libye ? Ces moments extraordinaires d’accélération du cours de l’histoire ne renvoient-ils pas l’analyse économique à ses propres limites ?

Pourquoi Tunis ou Le Caire plutôt qu’Alger ou Amman ? La situation économique mesurée, par exemple, par le taux de chômage ou la fraction de la population vivant sous le seuil de la pauvreté est très comparable en Jordanie et en Egypte. Elle est bien pire en Algérie qu’en Tunisie. L’insurrection traverse aussi bien des pays pétroliers comme la Libye ou Bahreïn que des pays fortement dépendants du tourisme comme l’Egypte ou la Tunisie. L’analyse de la conjoncture économique semble de peu d’utilité pour expliquer le vent de révolte qui balaye le monde arabe.

La théorie économique des conflits au sein des élites gouvernantes éclaire davantage. En Tunisie, Egypte, Libye ou au Yémen, les leaders sont vieillissants voire malades. La perspective de leur succession se profile et le problème d’une transmission dynastique se pose. Comme le montre l’économiste Aaron Tornell, la dynamique économique des régimes autocratiques repose sur un partage des rentes au sein de groupes différents : la famille dirigeante, les milieux d’affaires protégés, souvent l’armée, parfois les chefs de tribus.

La survie de l’autocrate dépend, en partie, de sa capacité d’a