C’est une maison cachée, sous bonne garde, au bout d’une route qui serpente entre les bougainvilliers déjà en fleurs. En toile de fond, les eaux turquoise du détroit de Tiran, les lumières de Charm el-Cheikh. Drôle de décor pour une prison : la famille Moubarak, qui réside dans la station balnéaire du Sinaï depuis la chute du raïs, le 11 février, a été placée hier sous le coup d’une interdiction de quitter le territoire et ses fonds en Egypte ont été bloqués. La semaine dernière la justice avait demandé le gel de ses actifs à l’étranger.
Quelque 70 milliards de dollars (plus de 50 milliards d'euros). De la place Tahrir au fond des provinces égyptiennes, la somme a couru, répétée à l'envi par la foule incrédule. Le 6 février, c'est le quotidien britannique The Guardian qui avait ainsi estimé le montant du trésor présidentiel, avançant une fourchette basse de 40 milliards de dollars. Chiffre pharaonique, invérifiable, et probablement disproportionné. 70 milliards, c'est près de la moitié des réserves en devises de l'Algérie, qui engrange pourtant des fortunes avec la vente de son pétrole et de son gaz. Ramenée individuellement, elle ferait d'Hosni Moubarak, à qui on prête 15 milliards de dollars à lui seul, un homme aussi riche que le roi d'Arabie Saoudite. Ses fils se partageraient le reste du gâteau, sa femme, Suzanne, n'ayant qu'un milliard sur son compte.
filon. La stupéfaction est d'autant plus grande que Moubarak n'affichait guère de goût pour le