Gaëtan Mootoo, chercheur à Amnesty International, a passé un mois en Côte-d’Ivoire, à l’issue duquel il a publié un rapport, le 22 février, accablant pour les deux camps, pro-Gbagbo et pro-Ouattara.
Peu d’organisations renvoient dos à dos les deux camps rivaux. Comment en êtes-vous arrivé à ces conclusions ?
Nous avons travaillé à Abidjan et dans l'ouest du pays, à Duékoué et à Man. Faire un jeu d'équilibriste n'est pas du tout notre intention. Nous avons constaté que les violations sont perpétrées par les deux parties. Nous avons notamment pu travailler sur le commando «invisible» qui sévit à Abobo, un quartier d'Abidjan, et qui a tué six policiers les 11 et 12 janvier. Le camp loyal à Laurent Gbagbo a davantage de choses à se reprocher, mais les Forces nouvelles [ex-rebelles soutenant Alassane Ouattara, ndlr] ont commis onze exécutions sommaires à Touba, en octobre, et plusieurs viols dans l'ouest du pays.
Quels éléments nouveaux avez-vous constatés ?
Nous avons vu que des Libériens sont pris à partie à Abidjan par des partisans du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), qui soutiennent Alassane Ouattara et les accusent d’être des mercenaires à la solde de Gbagbo. On en parle très peu dans la presse, alors que ces gens campent devant le Haut-Commissariat des Nations unies aux réfugiés (HCR) à Abidjan.
Qui sont les femmes victimes de violences sexuelles dans l’ouest du pays ?
Lorsque j'ai entendu parler de ces viols, j'ai tout de suite pensé, avec les clichés habituels, que c'était encore le camp de Laurent Gbagbo. Sur place, nous avons constaté que les violences sont principalement commises contre des femmes guérés [une ethnie qui soutient Gbagbo]. On se