De tous les échecs de la diplomatie française, celui de la politique arabe est le plus spectaculaire. Il est devenu si patent que, lorsque les soulèvements de la Tunisie puis de l’Egypte ont laissé la France gaffeuse et embarrassée, c’est cet échec qui a précipité le malaise du Quai d’Orsay mais que fut la politique arabe de la France et pourquoi a-t-elle failli ?
Conçue par le général de Gaulle après le règlement de l’affaire algérienne, elle entendait redonner à la France la plénitude de ses atouts historiques, géographiques et culturels au sud et à l’est de la Méditerranée. Il s’agissait de tourner la page sur les années 50 durant laquelle la France, chassée de son empire et tentant de conserver l’Algérie, avait englobé tout le monde musulman dans une même méfiance et fait front, contre lui, avec Israël et la Grande-Bretagne car les ennemis de ses ennemis étaient ses amis.
De Gaulle souhaitait non seulement que la France conserve une influence dans ses anciennes colonies mais l’étende aussi aux anciennes possessions britanniques en jouant, dans tous ces pays, de sa politique d’indépendance nationale. Aux régimes liés aux Etats-Unis comme à ceux qui s’étaient inscrits dans l’orbite soviétique, il offrait la possibilité de sortir de leur tête-à-tête avec les superpuissances de la guerre froide. A ceux qui étaient restés entre les deux, il faisait valoir une connivence de Non-Alignés et l’addition de ces amitiés musulmanes permettait de consolider les positions de la France au