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Libération

Egypte : le Premier ministre débarqué par l’armée

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Démission . Nommé par Moubarak, l’ex-militaire Ahmed Chafik était trop proche de l’ancien régime. Son successeur fait consensus.
publié le 4 mars 2011 à 0h00

Elle ne sait plus que faire. Plusieurs nuits qu’elle dort sous les tentes qui ont fait leur réapparition place Tahrir pour réclamer le départ d’Ahmed Chafik, le Premier ministre issu de l’armée nommé par Moubarak aux premiers jours du soulèvement. Aujourd’hui, Samar Enan, 22 ans, comptait participer au sit-in auquel appelaient les mouvements contestataires pour faire partir le Premier ministre mais aussi pour obtenir la levée de la loi d’urgence et la libération des prisonniers politiques.

Une journée qui s’annonçait difficile tant la tension était montée cette semaine entre les révolutionnaires et l’armée, intervenue vendredi dernier pour les disperser. Mardi, un tribunal militaire a aussi condamné à cinq ans de prison un activiste arrêté le vendredi précédent lors des altercations avec l’armée.

Mais hier matin, les militaires ont eux aussi fait leur révolution, numérique, en annonçant sur Facebook la démission du Premier ministre. Il a été remplacé par Essam Charaf, ancien ministre des Transports, homme de l'ancien régime mais dont la nomination a été saluée y compris par les protestataires : il avait quitté son ministère il y a six ans, s'indignant contre la corruption, et avait participé à de nombreuses manifestations depuis le début de la révolution, le 25 janvier. Son nom avait été suggéré par les jeunes lors d'une rencontre avec des militaires, dimanche. «On est en bonne voie. Ma considération au Conseil supérieur des forces armées pour avoir écouté le peuple»,