A Brega, on dirait que la révolution libyenne s’est grimée en western mexicain. Ambiance poussiéreuse de ville frontière, telle que l’ont rêvée Sergio Leone et Sam Peckinpah : une seule route ouverte sur le désert, de petites boutiques closes, sans exception et, éparpillés sur le trottoir, allongés au milieu des détritus, des grappes de combattants déguisés en soldats.
Bonnets de ski. Drôles d'uniformes : les effets civils se mêlent aux treillis, les bonnets de ski, très prisés, côtoient les chapeaux de brousse, les vareuses et les vestes font bon ménage. On sait qu'il y a eu accrochage mardi - l'opposition parle de bataille - parce que la chaussée est tapissée de douilles. Aux quatre coins du village veillent des camionnettes avec, sur leur plateforme, des mitrailleuses antiaériennes ou des canons antichars. Devant le café internet Nouveau Monde, une dizaine de soldats, armés de kalachnikov et de lance-roquettes, sont couchés au milieu de boîtes de munitions éventrées à coups de tournevis. Visiblement, pour nombre d'entre eux, la guerre est un nouveau métier. Un combattant a mis son gilet pare-balles à l'envers. Un autre regarde par le mauvais côté de la visée de son lance-missiles SAM 7. Un troisième, plus jeune, avec des yeux fous, est complètement défoncé.
La plupart des treillis ont été pris dans les casernes de Benghazi ou d’Ajdabiya. Certains ont aussi des médailles. Des ailes de parachutistes décorent des poitrines qui n’ont jamais vu d’avion.
Mais, fût