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Libération
Interview

«Le Net, instrument de libération et d’oppression»

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Le chercheur Evgeny Morozov combat l’illusion que la Toile a la capacité de libérer les peuples opprimés.
Une manifestante à Beyrouth (Liban), le 5 février. (Sharif Karim / Reuters)
publié le 5 mars 2011 à 0h00

Originaire de Biélorussie, qu'il a quittée en 2001, chercheur invité à l'université Stanford en Californie, Evgeny Morozov fait beaucoup parler de lui aux Etats-Unis pour sa remise en cause du rôle libérateur d'Internet. Dans un livre, paru en janvier aux Etats-Unis, The Net Delusion : The Dark Side of Internet Freedom, il dénonce les «cyberutopistes» qui envisagent qu'Internet peut apporter la démocratie aux peuples opprimés et exagéreraient son rôle dans les soulèvements de ces dernières années. Ses thèses sont très critiquées outre-Atlantique, notamment par le Canadien Cory Doctorow qui l'accuse de négliger les vertus émancipatrices du Net. Mais Evgeny Morozov s'appuie sur une riche expérience personnelle, comme activiste notamment de l'ONG Transitions Online de 2006 à 2008, qui tente de promouvoir des nouveaux médias indépendants dans l'ex-Union soviétique. Il est aussi chercheur à la New America Foundation et contributeur de la revue Foreign Policy pour laquelle il dirige le blog Net Effect, sur les effets d'Internet dans la politique internationale.

Les soulèvements au Moyen-Orient semblent contredire vos thèses : ne reconnaissez-vous pas le rôle d’Internet dans les révolutions au moins en Tunisie ou en Egypte ?

Internet peut être un instrument de libération comme il peut être un instrument d’oppression. Je reconnais tout à fait qu’Internet a joué un rôle libérateur en Tunisie et en Egypte. Mais ce qui a créé la situation révol