C’est un pont, le premier sur l’Oyapock, la frontière fluviale entre la France et le Brésil, qui devrait être inauguré, un jour prochain, par les présidents Nicolas Sarkozy et Dilma Rousseff. Ce pont enjambera le fleuve long de 370 kilomètres, haché par cinquante sauts, qui traverse le long tunnel de la forêt guyanaise avant d’atteindre Oiapoque la Brésilienne, halte ultime des chercheurs d’or brésiliens qui y trouvent passeurs, bières, machettes, sacs en plastique et le toutim indispensable à la survie clandestine en forêt française.
Dans leurs cahutes immaculées installées sur le pont, les employés de la Police de l’air et des frontières (PAF) et les douaniers du Poste d’inspection frontalier (PIF) seront nombreux pour contrôler les quelques camions et les rares porteurs de visas qui se présenteront. Les clandestins, orpailleurs et autres sans-papiers, passeront, eux, toujours par le fleuve. De jour comme de nuit… Il faut souligner la remarquable inutilité concrète du pont sur l’Oyapock. Malgré les 54 millions de reais (23 millions d’euros) qu’il aura coûtés, il reliera deux culs-de-sac notoires : la Guyane, comptoir français ne produisant rien d’exportable vers le Brésil ; et l’Amapá qui n’est pas lié par route au reste de son pays, et dont la seule ville d’importance, Macapá, est à plus de 500 km d’Oiapoque et du fleuve. En saison sèche, il faut au moins douze heures et un dos solide pour parcourir cette transamazonienne de latérite et de trous.
Le pont reliera donc d’abor