La place Tahrir a des allures de Hyde Park. Sur le terre-plein central résonnent des «Allah akbar» : ce sont des salafistes qui manifestent. Vingt mètres plus loin, sous les caméras, Alain Juppé prend l'air du printemps arabe. Dans un café près de la place, quelques jeunes de la révolution l'attendent. Ils devaient être une quinzaine, mais certains ont oublié le rendez-vous, probablement tout à leur émotion d'avoir pris d'assaut, la veille, les locaux d'Amn al-Dawla, la Securitate égyptienne (lire ci-contre).
Ambitions. Hier, pour son premier voyage officiel, le nouveau ministre des Affaires étrangères a choisi l'Egypte, vieille amie de la France, coprésidente de l'Union pour la Méditerranée et où aucun responsable français ne s'était rendu depuis la chute de Hosni Moubarak, le 11 février. Visite éclair, salutations expédiées en une demi-heure chez le chef du Conseil suprême des forces armées, le maréchal Tantawi.
Juppé a préféré miser sur l’avenir en rencontrant la jeunesse révolutionnaire et Amr Moussa, le plus solide candidat potentiel à la future élection présidentielle. Le secrétaire général de la Ligue arabe, dont le mandat se termine ce mois-ci, ne cache pas ses ambitions. Un pari relativement peu risqué pour la France : Moussa, qui ne déplairait pas à l’armée, jouit également d’une grande popularité parmi les Egyptiens. Autre acteur évident du nouveau jeu égyptien, la jeunesse : 65% de la population a moins de 30 ans, une masse critique dont l