Entre deux passages du bombardier, les rebelles désœuvrés ramassent les douilles des pièces antiaériennes pour calligraphier les mots «liberté» et «Libye» sur la chaussée du carrefour. Nouveau grondement dans le ciel. L'appareil est revenu mais reste invisible. Les mitrailleurs le traquent dans les nuages, ne le trouvent pas mais tirent quand même, ne serait-ce que pour se rassurer. Ils sont encouragés par les «Allah Akbar» des autres combattants. Mais les moins aguerris, eux, courent dans tous les sens. Deux bombes de 500 kilos, tombent non loin du carrefour, sur les maisons toutes proches. Puis le Sukhoï s'éloigne. Les canons se taisent. La calligraphie reprend. Mais ceux qui la font gardent quand même un œil sur le ciel.
«Montrer qu'ils sont là». A Ras Lanouf, l'un des principaux terminaux pétroliers de Libye, la guerre obéit à des règles bien étranges. Hier, vers midi, le bombardier survolait la petite ville toutes les vingt minutes environ. Et on a compté sept bombes larguées pour quatre passages. Mais personne dans les rangs des rebelles regroupés à ce carrefour, à l'entrée de la localité, ne cherchait à se protéger efficacement. Aucune position de tir enfouie. Les camionnettes portant les mitrailleuses et les canons antiaériens n'étaient pas vraiment dispersées et ne cherchaient pas à croiser leurs tirs pour être efficaces. Il aurait suffi d'une seule bombe, au centre de l'intersection, pour provoquer un carnage.
Beaucoup de combattants sont d'