Elles s'étaient préparées, habillées avec soin, toutes ou presque en noir, chrétiennes et musulmanes, les unes voilées, les autres pas, et avaient sorti leurs banderoles : «Ne tirez pas sur nous, nous donnons la vie.» Sur leurs pancartes, les photos des sept femmes tuées la semaine dernière à Abobo, quartier du nord d'Abidjan, par les fidèles du président sortant, Laurent Gbagbo. Hier, en cette journée internationale des femmes, les habitantes de Treichville (sud de la capitale économique), commune commerçante majoritairement favorable au président élu, Alassane Ouattara, avaient décidé de rendre hommage à leurs consœurs victimes de la montée des violences politiques en Côte-d'Ivoire.
«Coma».«Gbagbo doit partir, son nom signifie la guerre. Ça suffit», dit Sonaoro, paysagiste au chômage. «Tous les jours, on nous tue, et l'Union européenne n'a rien fait, l'Union africaine non plus. Assez», renchérit Mariam, une commerçante de 37 ans. Sonaoro, Mariam et les autres s'étaient donné rendez-vous devant le siège des pro-Ouattara. Elles ont marché sur le carrefour de l'Etoile-du-sud, rejoint la rue 12, artère commerçante du quartier, puis l'église Saint-Jacques, sur la même rue. Elles ont demandé une messe et l'ont obtenue. «En sortant de l'église, j'ai entendu des tirs, raconte Germaine, une organisatrice de la marche. Nous avons toutes paniqué et nous sommes rentrées chacune chez soi. Dehors, il y avait des corps habillés