Les révolutions arabes tirent leur force et leur légitimité de s'être faites seules. Les peuples tunisien et égyptien se sont libérés sans intervention ni soutien extérieurs, revendiquant leur karama - dignité, l'un des mots de ce printemps arabe -, bafouée par des années d'humiliation et de dictature. Mais après ces scénarios propices, la Libye pose un tout autre problème. Un dictateur dément s'accroche à son pouvoir n'hésitant pas à faire donner ses avions et ses mercenaires. Rien aujourd'hui ne dit qu'il partira poussé par le peuple ou son armée comme Moubarak ou Ben Ali, qui font presque figure de leaders responsables. Que peut faire la communauté internationale poussée par des opinions occidentales et arabes révoltées par les images venues de Libye ?
Pas grand-chose. La zone d'exclusion aérienne ne fera pas de miracle. Les diplomates doivent encore convaincre la Chine et la Russie qui défendent, au nom de la Tchétchénie ou du Tibet, les massacres à huis clos. Quant aux militaires, comme à leur habitude, ils expliquent l'extrême complexité de la mise en œuvre d'une telle no fly zone. Politiquement, cette intervention, même limitée, de l'Occident (en fait avant tout des Etats-Unis) est lourde de conséquences. Le «Guide suprême» aura beau jeu de rameuter la fibre nationaliste de son peuple pour lutter «contre les ingérences de l'ennemi occidental». C'est pourquoi une participation, même symbolique, de pays arabes et musulmans à l'opération est néc