Bernard Kouchner, ex-ministre des Affaires étrangères et co-inventeur avec le juriste Mario Bettati du droit d’ingérence, s’exprime pour la première fois sur la crise libyenne et les révolutions arabes.
Faut-il intervenir aujourd’hui en Libye et comment ?
On ne peut pas s'être avancé autant et maintenant ne rien faire. J'approuve les Français et les Britanniques qui proposent une résolution plus ferme en faveur d'une zone d'exclusion aérienne afin d'empêcher les massacres. Des gens sont en péril même si heureusement le nombre des victimes ne semble pas encore énorme, mais il peut le devenir. Il faut arrêter ces crimes qui sont des crimes contre l'humanité comme les a déjà définis une précédente résolution du Conseil de sécurité évoquant une saisine de la Cour pénale internationale. Empêcher des crimes contre l'humanité est un motif d'intervention accepté par la communauté internationale. Le droit d'ingérence est la seule véritable révolution diplomatique depuis un siècle. Au-dessus du sacro-saint principe de souveraineté des Etats, il y a donc une loi internationale qui ne permet pas à un Etat de tuer sa propre population, de commettre à son encontre des crimes contre l'humanité ou le crime de génocide. Cela s'appelle maintenant «responsability to protect» - la responsabilité de protéger - et celle-ci a été votée par l'assemblée générale des Nations unies en 2005. Il y a là aussi une référence explicite au droit d'ingérence, même si ce mot avait une connotation trop intrusive.
Faut-il une résolution de l’ONU ?
L’instauration d’une zone d’exclusion aérienn