Jeunes, sans autres rides que les plis des couvertures qui les emmitouflent pour les protéger du vent, une cinquantaine de Bangladais s'apprête à monter dans un bus à destination de l'aéroport de Djerba pour s'envoler vers Dacca via Dubaï. Ils font cercle autour d'un des leurs qui s'exprime en anglais : «Les Libyens nous ont tout pris à dix kilomètres de la frontière : téléphones, cartes SIM et 1 000 dinars [600 euros] pour le passage.»
Samir Abdeljaoued, du centre médical avancé du poste frontière de Ras Jedir, est sombre :«La situation est inquiétante. Les flux sont taris depuis quatre ou cinq jours. Ceux qui passent sont totalement épuisés, rackettés. On ne sait pas quand le fou [Kadhafi, ndlr] va à nouveau ouvrir les vannes et nous noyer de réfugiés.»
Berlines. Avant-hier matin, «environ 2 500 réfugiés» avaient franchi la frontière, essentiellement maliens, soudanais, nigérians et bangladais, selon le médecin-colonel Bayoubh. Quelques voitures libyennes franchissent également le poste, surtout de grosses berlines allemandes : «Ce sont des familles libyennes qui viennent consulter dans les cliniques de Djerba, explique cet officier tunisien. Leur médecine est nulle. Ils ont des scanners, mais pas de médecins ! Les cliniques de Djerba en profitent…»
Selon les autorités de l'aéroport de Djerba, 1 020 Bangladais ont été rapatriés entre mardi soir et hier midi. Il en reste un peu plus de 11 000 à Choucha,