Spécialiste du Maroc, Ignace Dalle vient de publier Hassan II : entre tradition et absolutisme (Fayard).
Est-ce un tournant historique ?
Oui, à condition qu'il se concrétise. Nous avions affaire jusqu'ici à une monarchie absolue de droit divin, désormais elle ne le sera plus la même… même si l'on ne sait pas encore à quoi aboutira ce processus de réforme. Le roi a annoncé le renforcement du statut du Premier ministre qui appartiendra au parti ayant eu le plus de voix au Parlement. Mais les grands partis historiques du pays, l'Istiqlal à droite comme l'USFP à gauche, rongés par la courtisanerie et la corruption, ont désormais une légitimité restreinte. Le Premier ministre, Abbas el-Fassi, ne répète-t-il pas «mon programme est celui du roi» ? Pour préparer cette réforme constitutionnelle, le roi a choisi une personnalité honnête et très respectée venant de la gauche, Abdellatif Menouni. Tout cela va dans le bon sens. Cela faisait douze ans, depuis son arrivée sur le trône après la mort d'Hassan II, que les Marocains attendaient un tel discours de leur roi. Or celui-ci semblait s'être parfaitement coulé dans le rôle de monarque absolu hérité de son père. Sur certains points, notamment en matière de libertés publiques et de presse, les choses ont même régressé après les grands espoirs du début de son règne.
Une révolte semblable à celles de la Tunisie ou de l’Egypte est-elle possible au Maroc ?
Le mécontentement est en train de mon