Tétanisé par la révolution tunisienne, gêné par celle de l'Egypte, le président français tente maintenant de se rattraper avec les insurgés libyens. «La France a reconnu le Conseil national de transition comme étant le représentant légitime du peuple libyen», a annoncé Ali Essaoui, un des trois émissaires reçus hier, pendant une heure, à l'Elysée par Nicolas Sarkozy. Qui est le premier chef d'Etat à s'être entretenu avec des représentants du nouveau pouvoir de Benghazi, où arrivera bientôt un ambassadeur français.
Le fait accompli semble avoir pris de court l'Union européenne, à la veille d'un sommet extraordinaire consacré à la crise libyenne et aux révolutions arabes. Les Vingt-Sept hésitent encore à reconnaître les insurgés, malgré les injonctions du Parlement européen, et sont divisés quant à une intervention militaire, même seulement aérienne. Or, sur ce point, Paris semble aussi avoir placé la barre très haut, exprimant son souhait de «frappes aériennes ciblées», afin de clouer au sol l'aviation et de détruire les chars du colonel Kadhafi. «A la demande du Conseil national de transition, et avec l'accord du Conseil de sécurité, la France prendrait part à une opération de neutralisation des avions de chasse de Kadhafi qui peut prendre deux formes : soit le brouillage des systèmes de communication, soit le bombardement de la base aérienne de Syrte», précise Bernard-Henri Lévy, qui a assisté et était à l'initiative de l'entretien avec les opposan