Des corps de femmes déchiquetées par des obus, gisant sur le macadam ensanglanté, deux hommes que l’on brûle vifs, devant des policiers impavides, des cadavres en putréfaction entassés les uns sur les autres. Les images, aussi atroces les unes que les autres circulent abondamment sur Internet.
Il est difficile de ne pas les voir. Les observateurs de certaines chaînes de télévision ou de simples particuliers les font circuler. Le peuple ivoirien s’est lui aussi mis aux nouvelles techniques de communication pour faire connaître au reste du monde la tragédie qu’il vit en vase clos depuis que Laurent Gbagbo a décidé de confisquer sa volonté exprimée dans les urnes le 30 novembre 2010.
Facebook et Twitter ne sont pas encore très développés en Côte-d’Ivoire. Mais tout le monde dispose d’un téléphone portable capable de filmer et de photographier l’horreur. Il y a encore des cybercafés qui fonctionnent dans tous les quartiers. Et, dans le flot des images, celle-ci : une pancarte sur laquelle il est écrit : «Silence, Gbagbo tue». En Tunisie, la pancarte disait à Ben Ali : «Dégage». Et il a fini par dégager. Cela fait plus de trois mois que les Ivoiriens ont exprimé par la voie démocratique leur désir de voir Laurent Gbagbo partir du pouvoir qu’ils lui avaient confié il y a dix ans. Mais il refuse de les entendre. Son pouvoir, lui ont dit sa femme Simone et ses pasteurs aux bouches mielleuses et menteuses, lui vient de Dieu. Et seul Dieu peut l’en dégager. Alors, quiconque, simple huma