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TRIBUNE

Le fameux «modèle turc» ? Encore un effort pour être parfait

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par Jean Marcou, Professeur à l’IEP de Grenoble et chercheur associé à l’Institut français d’études anatoliennes d’Istanbul
publié le 11 mars 2011 à 0h00

Nombre d'experts et de commentateurs se sont subitement entichés, ces derniers temps, du «modèle turc». Même le Collège de défense de l'Otan le qualifiait récemment de «régime républicain et démocratique» et, tandis qu'ils renâclent plus que jamais à accueillir la Turquie dans l'Union européenne, des hommes politiques du vieux continent n'hésitent pas désormais à la montrer en exemple à des révolutions arabes qui souvent les inquiètent plus qu'elles ne les réjouissent.

Pour leur part, en dépit du prestige qu’ils ont acquis récemment au Moyen-Orient, du fait de leur nouvelle politique étrangère, les dirigeants turcs s’étaient jusqu’à présent gardés de se poser en modèle. Ils se sont même montrés, initialement, presque aussi réservés que leurs homologues occidentaux lorsque le monde arabe s’est embrasé, semblant surtout préoccupés par l’avenir des investissements qu’ils y avaient fait ces dernières années, et s’attirant à cet égard les critiques acerbes des médias de leur pays.

Depuis, le Premier ministre, Recep Tayyip Erdogan, tout en persistant à récuser l'idée de modèle, a néanmoins admis de bonne grâce que l'expérience politique turque pouvait être «une source d'inspiration» pour les peuples actuellement en révolte et, la semaine dernière, le président Gül a été le premier chef d'Etat à visiter l'Egypte, depuis le départ d'Hosni Moubarak, pour y faire valoir entre autres les mérites du système turc. Une enquête du think tank turc Tesev a pourtant montré que