En mauvaise posture depuis la fin janvier, Ali Abdallah Saleh, 68 ans, président du Yémen depuis trente-deux ans, est désormais dos au mur. Face à la contestation populaire, il a d’abord promis de quitter le pouvoir en 2013, à la fin de son mandat, sans faire de son fils le successeur désigné. Puis, hier, il a proposé un référendum d’ici la fin de l’année en vue d’une nouvelle Constitution qui marquerait l’avènement d’un régime parlementaire. Avec, à la clé, l’abandon de ses pouvoirs exécutifs.
Peine perdue. L'opposition a aussitôt rejeté l'offre, la jugeant «dépassée». «Nous n'accepterons que le départ du Président», scandent les étudiants qui campent depuis le 21 février sur la place de l'université, à Sanaa, la capitale. Hier, un millier de médecins et des dizaines de journalistes ont rejoint le sit-in. La fronde s'est renforcée avec les violences des derniers jours, qui ont vu le bilan passer à 31 morts depuis la fin janvier. Mardi, la police a tiré sur les manifestants, faisant 80 blessés et un mort.
Ali Abdallah Saleh, qui se présente comme un rempart contre Al-Qaeda, a perdu des appuis importants dans les tribus du nord du pays. Les défections se sont aussi multipliées au sein de son parti. Le Yémen, peuplé de 24 millions d’habitants et frontalier de l’Arabie Saoudite, occupe une position stratégique cruciale, entre la mer Rouge et l’océan Indien. Ce pays cheville, entre la péninsule arabique et la Corne de l’Afrique, est considéré comme un élément clé