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Libération
Reportage

14 h 46, la terre se met à gronder

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Un séisme sous-marin a provoqué vendredi l’une des pires catastrophes naturelles de l’histoire de l’archipel.
A Natori, dans le nord-est du Japon. Des maisons emportées par le tsunami qui a suivi le tremblement de terre, le 11 mars. (KYODO Kyodo / Reuters)
publié le 12 mars 2011 à 0h00

Il est 14 h 46, à Takanawa, dans une rue paisible du quartier des imprimeurs à Tokyo. Quand soudain la terre se met à gronder, à balancer les corps, à se soulever ; comme jamais auparavant. Comme jamais depuis le «grand séisme du Kantô» de 1923 - qui avait tué 140 000 habitants de Tokyo et de Yokohama. Une vieille dame en chemise de nuit, terrorisée par le choc de la secousse qui se poursuit, a réussi à s’extirper de sa maison de bois. Les voisins, des commerçants, des restaurateurs de quartier, la blouse entachée, accourent, terrifiés. Ils se regroupent sur le trottoir, s’épaulent, alors qu’au-dessus de leurs têtes valsent des lignes téléphoniques à peine retenues par des poteaux qui tremblent. C’est alors que la secousse, sourde, lâche, d’abord lente et horizontale, redouble d’intensité. Le tremblement devient vertical, bientôt latéral. Infernal. Des alarmes retentissent.

Supplice. Les corbeaux de Tokyo, les premiers peut-être à avoir deviné la secousse, volent en tous sens dans un vent de panique. Au loin, le sommet des tours de la capitale se balance sur plusieurs mètres lorsque la terre danse. On bénit alors les ingénieurs maîtres des normes parasismiques (lire page 6). De l'autre côté de la rue, des bâtiments en brique, très anciens, de trois étages, tremblent par le haut. Ils vont s'écrouler comme des châteaux de cartes, c'est sûr. Des cris jaillissent des appartements. Sur un balcon, une vieille dame seule, traumatisée, en pleurs, crie sa peur à la ru