On peut ne pas être d’accord avec Jean-Bernard Pinatel qui bouscule avec allégresse toutes les idées reçues sur l’Europe, la Russie et le Moyen-Orient. Mais, on ne peut reprocher à l’ancien général, devenu spécialiste de l’intelligence économique, de défendre avec talent ses thèses iconoclastes.
Pour Pinatel, l’alignement sur les Etats-Unis est l’erreur fondamentale des diplomaties européennes. Selon son argumentaire, les Américains - gouvernement, complexe militaro-industriel et lobbys tous mêlés - ne défendent que leurs intérêts nationaux au mépris de ceux de leurs partenaires.
Dans son réquisitoire contre les Etats-Unis, Pinatel dénonce tout : le soutien à la Turquie, où il ne voit que des raisons stratégiques, et surtout l’influence démesurée d’Israël. Sur ce point, on peut, comme son préfacier Alain Lamassoure, discuter que les crises au Moyen-Orient sont seulement entretenues par les marchands de canons américains.
Retrouvant des accents de la traditionnelle diplomatie gaulliste, Pinatel préconise au contraire une alliance de l’Atlantique à l’Oural. L’auteur - qui, dès 1976, soulignait, dans un précédent ouvrage, la fragilité du monde soviétique - défend la Russie, y compris de Poutine, même s’il en mesure les limites. Pour lui, seule cette «alliance vitale» entre l’Europe et la Russie pourra contrebalancer l’hégémonie et le partenariat ambigu entre les Etats-Unis et la Chine.
Il ne faut pas marginaliser ni tenir à l’écart la Russie, et Pinatel promeut, au contraire, une g