Menu
Libération
EDITORIAL

Entraide

Article réservé aux abonnés
publié le 14 mars 2011 à 0h00

Les catastrophes naturelles révèlent l’écorché des sociétés. Au Japon comme en Haïti, en Birmanie comme à La Nouvelle-Orléans. Les pays apparaissent à nu, sans le théâtre du pouvoir, sans les apprêts du tourisme, sans la mise en scène de leur rang dans le concert des nations. Comme si on volait des images. Hier, le Premier ministre, Naoto Kan, est apparu brisé, les yeux embués, la voix cassée. Sa peur visible était aussi l’effroi de tout son peuple. Comment ne pas partager la peine des Japonais qui, en quelques heures, auront subi un tremblement de terre, un tsunami et vivent aujourd’hui sous la menace de l’explosion des centrales nucléaires ? Le Japon, terre d’ordre et de protocole, n’est plus qu’un terrain vague de destructions et de villes englouties. Mais, comme la Louisiane ou Haïti, le pays montre aussi l’entraide de ses habitants. Les Japonais, dans les villages encore isolés, vont de maison en maison secourir les vieillards. L’armée s’est déployée en quelques heures, 600 000 personnes ont été évacuées en bon ordre, tandis que les pompiers du nucléaire tentent au péril de leur vie de contenir les fuites radioactives. Aucune scène de panique, aucune scène de pillage, mais un pays qui essaie de surmonter le pire drame de son histoire depuis 1945. Il reste que le Japon devra certainement revoir sa dépendance énergétique, le culte du secret de son gouvernement et de ses grandes entreprises, notamment nucléaires, qui dans le passé ont trop souvent menti. Mais l’heure est