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Libération
Reportage

Libye : l’armée insurgée craint son anéantissement

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Les forces de Kadhafi ont encore avancé ce week-end dans l’Est libyen. Désorganisée et désespérée, la révolution s’apprête à défendre ses derniers bastions.
publié le 14 mars 2011 à 0h00

Il est midi, hier, quand un commandant rebelle débarque avec ses hommes au QG de «l’armée de la révolution», une école du centre-ville d’Ajdabyia. Il a l’air furieux, ses hommes sont défaits, le teint hâve, les plus jeunes au bord des larmes. La petite escouade, qui arrive directement du front, s’engouffre dans le bureau du colonel Béchir. Ce dernier, un militaire à moustache et à la retraite, formé sous l’ère soviétique, est en réunion avec les notables de la ville. La situation est grave. Les éclats d’une monumentale dispute rebondissent sur les parois de la porte en métal, hermétiquement fermée aux intrus. Le commandant, à l’humeur aussi sombre que le teint, vient de perdre de nombreux hommes avant de décrocher de Brega, 80km plus à l’ouest.

Éprouvé. «Cela fait des jours que je tiens cette position et que je demande du renfort et des armes. Rien n'est venu, ni personne», hurle-t-il en substance. Les notables et cheikhs tribaux ressortent le teint blême. Le colonel Béchir reste enfermé dans son bureau. Il ne commande rien, n'a d'autre moyen de communication qu'un téléphone portable sans réseau. «Ils ont commencé à nous bombarder hier soir, raconte Abou Bakr Zoubeiri, un combattant à l'air éprouvé. Puis ça a recommencé ce matin, avec de l'artillerie de marine, l'aviation, des orgues de Staline. On ne peut rien contre ça. Tout ce qu'on a, ce sont des RPG [des lance-roquettes antichars, ndlr] avec 500 mètres de portée.»

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