Le nucléaire civil est-il plombé ? Après Tchernobyl, la filière avait subi un coup d'arrêt, notamment en Italie. Fukushima vient à son tour ébranler son développement. «Remettre totalement en cause le nucléaire sans connaître l'issue du drame au Japon en cours a quelque chose d'indécent», s'agace Cédric Philibert, de l'Agence internationale de l'énergie. «La pédagogie de la catastrophe doit payer, répond un expert de l'ONU. Le vent tourne pour le nucléaire : il prouve qu'il n'est pas sûr.»
Les responsables politiques n'ont pas attendu pour en tirer de premières conséquences, et tenter de répondre aux craintes de leur opinion publique. L'Autriche, qui a rejeté le nucléaire en 1978, plaide ainsi pour des «tests de résistance pour les centrales nucléaires» de toute l'Europe, soit 143 réacteurs. Dans la foulée, la Commission européenne a convoqué aujourd'hui à Bruxelles une réunion des ministres de l'Energie de l'UE, des autorités nationales de sûreté nucléaire et des industriels du secteur. L'Allemagne, elle, n'a pas attendu pour prendre des mesures. «Ce qui se passe est une césure pour le monde entier, pour l'Europe et pour l'Allemagne», a répondu Angela Merkel, qui a décrété hier un moratoire de trois mois sur l'allongement de douze ans de la durée de vie des 17 centrales allemandes (lire ci-contre). Même s'il s'est lancé en 2008 dans un ambitieux programme de relance du nucléaire pour une nouvelle génération de centrales, le Royaum