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Libération
Reportage

A Zaouia, «une guerre pour exterminer la rébellion»

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Réfugié en Tunisie, Adel, 33 ans, raconte la bataille de la ville libyenne : l’insurrection, les crimes du régime de Kadhafi et la déroute des insurgés.
publié le 15 mars 2011 à 0h00

Crâne rasé, dans les 110 kilos et les mains comme des battoirs, Adel , 33 ans, s'assoit dans le fauteuil d'un hôtel de Zarzis et demande de «ne pas livrer trop d'informations sur sa situation au sein de la rébellion» car, selon lui, «les services secrets de Kadhafi se mélangent aux humanitaires au poste frontière et notent les plaques des Libyens qui s'arrêtent pour parler avec les journalistes». Adel a passé la frontière vendredi matin avec femme et enfants au volant d'une berline en provenance de Zaouia, grosse ville de la côte encerclée par les troupes de Kadhafi. Il est propriétaire de deux supermarchés, dont l'un a été incendié il y a une semaine près de la place principale de Zaouia, Chouhada, par les milices de Khamis, l'un des fils Kadhafi.

«Depuis le 28 février un blocus a été mis en place aux entrées de la ville par les miliciens et l'armée. Rien ne rentre : ni eau, ni viande, ni légumes, ni lait. Depuis le 1er mars dans la matinée, l'électricité a été partiellement coupée en ville», assure-t-il. Tout a commencé le 18 février. «Nous étions une centaine aux alentours de la place Chouhada, dans un sit-in pacifique. Il y avait là des médecins, un juge, quelques commerçants, des professeurs, plein d'employés de la raffinerie, des ouvriers du secteur pétrolier. Les hommes en bleu [des commandos de Kadhafi selon lui, ndlr] sont arrivés dans des pick-up japonais, en sont descendus et ont tiré dans la foule en plein après-midi. Un c