«Je me suis dit qu'il fallait quitter le pays»
«Nous avons laissé les clés de notre maison de Fujisawa (au sud de Tokyo, ndlr) à nos voisins. Nous sommes partis sur une intuition. Après le tremblement de terre et alors que les centrales nucléaires étaient en train de fondre, je me suis dit qu'il fallait quitter le pays. Il vaut mieux partir sur une mauvaise intuition qui ne se réalise pas plutôt que rester avec une bonne intuition qui se réalise.
Nous sommes effarés: les Japonais n'ont pas l'air de se rendre compte de ce qui se passe. Nos amis et nos relations se fient aux déclarations du gouvernement qui recommande de ne pas s'inquiéter et minimisent toutes les informations sur l'ampleur de la catastrophe. Quand les pays occidentaux évaluent le risque nucléaire à 6 sur une échelle de 7, le Japon ne l'établit qu'à 4. J'ai l'impression que c'est culturel cette manière de minimiser. Les autorités savent qu'en cas de panique, elles ne pourront pas faire face à des mouvements de masse. Donc, elles font tout pour éviter la panique. Mais jamais le sud ne pourra accueillir les 12 millions d'habitants de Tokyo si un nuage menaçait la capitale.»
«Je redoute une panique généralisée»
«Nous sommes face à deux discours très différents. D'un côté, les médias et les pouvoirs publics japonais, pour faire bonne figure, délivrent un discours très rassurant pour éviter les mouvements de panique. De l'autre, il y a beaucoup d'inquiétudes véhiculées par les médias étrangers, non sans outrance. C'est le grand écart. Alors, on navigue à vue et on essaye de trouver des infos fiables