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Libération
Reportage

Quand l’océan rejette les corps par centaines

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Tandis que les secouristes arrivent dans la zone dévastée du nord-est, les survivants tentent de s’organiser.
A Onagawa, ville dévastée de la région de Miyagi. (REUTERS)
par Giampaolo VISETTI, Envoyé spécial à Otsuchi
publié le 15 mars 2011 à 0h00

L’océan et la boue se sont repus pendant quatre jours. La terre et l’eau recrachent maintenant les vies qu’elles ont prises avec le tsunami. Tout au long des quelque 500 kilomètres de la côte nord-orientale, c’était hier le jour des morts. Des milliers de cadavres - ces corps que le Japon, comme le reste du monde, espérait ne jamais devoir regarder en face - gisent sur les plages, au milieu des débris abandonnés par le reflux. Chaque crique cache des tas de noyés rejetés par les courants. A fleur d’eau du Pacifique, à quelques centaines de mètres du rivage, d’innombrables cadavres flottent entre des restes de barques ou de plantes, arrachés par la vague meurtrière. Les pêcheurs survivants d’Otsuchi (préfecture d’Iwate) les récupèrent dans leur filet. Ils les hissent à bord, les tirant par les bras bleuis et gonflés, reconnaissant parfois un ami ou un proche disparu grâce à un vêtement. Entre Otsuchi et Minami Sanriku (dans la préfecture de Miyagi) au moins 30 000 personnes manquent à l’appel.

Dans les six préfectures les plus touchées par le tsunami, ce sont en tout quelque 40 000 personnes dont on est sans nouvelles. Une centaine de localités sont encore totalement isolées sans que l’armée ait pu y arriver. Les sans-abri seraient plus d’un demi-million. Trente mille bâtiments ont été détruits, selon un premier bilan. Plus de 600 villages et petites villes côtières n’ont plus de route les reliant au reste du monde, balayées par la mer ou les glissements de terrain. Et, surtou