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Libération
EDITORIAL

Sans tabou

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publié le 15 mars 2011 à 0h00

Transparence. C’est désormais l’une des urgences face à la crise nucléaire japonaise. Transparence, là-bas, alors que la terre tremble toujours, sur l’état des risques, les scénarios possibles, afin que les Japonais puissent se préparer comme ils se préparent depuis toujours au risque sismique. Transparence, ici, sur les vices et les vertus d’une source d’énergie qui fait peur. Car les citoyens ont la mémoire longue. Personne n’a oublié les experts menteurs expliquant, après Tchernobyl, que le nuage radioactif avait épargné la France, et la volonté de manipuler les opinions publiques. Cette peur, on s’en aperçoit, est intacte. Et rien ne sert de la sous-estimer ou de la nier, d’un air agacé, en postulant l’irrationalité ou l’incompétence des citoyens. La peur, en l’occurrence, appelle une réponse politique comme seule une société vraiment démocratique peut la formuler. Débattre sans tabou de la dangerosité, ou non, de nos installations. Quitte à froisser les patriotismes énergétique et industriel, débattre de l’opportunité, ou non, d’exporter tous azimuts notre savoir-faire nucléaire et de vendre clé en mains des centrales à qui veut bien les acheter, dictateurs compris. Débattre des énergies nouvelles et de leur capacité, ou non, à devenir pleinement alternatives. Débattre, enfin, des risques que nous sommes prêts, ou non, à prendre collectivement pour être indépendants sur le plan énergétique. Sur tous ces sujets, la démocratie a plus à gagner à la controverse qu’à l’opaci