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TRIBUNE

Japon, une histoire tourmentée

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par Jean-François Sabouret, Directeur de recherche au CNRS
publié le 16 mars 2011 à 0h00

Le Japon subit depuis si longtemps les agressions des aléas du climat que la résistance est inscrite dans sa culture : chaque printemps et automne les typhons viennent inonder l'archipel emportant souvent hommes et biens sous des déluges de vent et de pluie. Les séismes sont quotidiens et sapent lentement l'assise des bâtiments (1 631 séismes de force supérieure ou égale à 1 en 2009). C'est pourquoi les maisons doivent être reconstruites tous les 30 ans au maximum. Pour ceux qui habitent en bord de mer, ce qui est la majorité des Japonais dans un pays où le relief montagneux occupe 80% du territoire, les tsunamis guettent aux portes des villes et des villages. L'hiver, la neige recouvre des régions entières.

Pauvre Japon, diront certains. Accablé de mille maux. Certains, à l'étranger, font montre d'une incompréhension presque indécente quand ils stigmatisent un peuple qui vit dans la schizophrénie d'une culture qui, d'une part, a subi le feu nucléaire, et d'autre part développe à tout-va le nucléaire civil (54 centrales). Mais comment faire autrement, le peuple qui vit là n'a pas de pays de rechange et l'aventure coloniale au XXe siècle s'est mal terminée. Ce n'est pas un pays de «risque-tout» mais un pays où le risque est présent à tout moment, chacun en est conscient.

L’aspect positif de cette composante se retrouve dans la société et le travail. Les Japonais plus que d’autres peuples savent prendre des risques dans la recherche et cela sans se tr