Karim Snoussi, un Français de 39 ans docteur en physique nucléaire, travaillait à l’université Tohoku de Sendai, située à une vingtaine de kilomètres des côtes, lorsque le séisme du 11 mars a frappé. Le tsunami qui a suivi a dévasté une partie de Sendai, où l’électricité et les communications ont été coupées pendant trois jours. Nous l’avons trouvé à l’ambassade de France à Tokyo, où il venait d’arriver, sans rien, si ce n’est un énorme sac rempli de gâteaux secs avec lesquels il a vécu depuis le séisme. A ce jour, il compte rentrer en France.
«Les premières secousses que j'ai vécues au Japon, il y a un an et demi, m'ont fasciné. On se croit dans une boîte où quelqu'un vous agite. Mais cette fois-ci, c'était très différent. Le séisme est survenu alors que j'étais en séminaire avec d'autres scientifiques. Ils étaient plaqués dans les coins de la pièce et ne pouvaient plus bouger tellement c'était fort. Je me suis jeté le premier sous une table, mais comme les Japonais sont plus petits, les tables le sont aussi, et j'avais du mal à mettre tout mon corps dessous. La secousse a duré deux minutes, et je n'avais qu'une seule crainte, celle d'être éjecté par la baie vitrée à côté de laquelle j'étais. Les Japonais criaient "oki ! oki !" qui veut dire "c'est un gros". Après la fin des secousses, on est sorti, comme des zombies, on s'est regardé, et c'est là seulement qu'on a réalisé ce qu'on avait vécu et qu'on était sains et saufs. Il a fallu compter les présents et les abse