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Libération

Sur la côte, un océan de désespoir

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Dans la région de Miyagi, les rescapés du tsunami tentent de survivre. Coupés du monde.
A Onagawa. (REUTERS)
par Giampaolo VISETTI, Envoyé spécial dans la région de Miyagi
publié le 16 mars 2011 à 0h00
(mis à jour le 16 mars 2011 à 12h47)

Jusqu’à aujourd’hui, personne n’était arrivé jusqu’ici. Il a suffi qu’un pont s’écroule, deux kilomètres à l’intérieur des terres, pour que Onagawacho se retrouve isolée du monde.

Des monceaux de détritus infranchissables, flottant en partie sur la boue liquide, empêchent les secouristes d’atteindre la petite ville que le Japon, depuis vendredi, semble avoir effacée de sa carte. Un peu plus loin, à Onagawa, la centrale nucléaire a échappé à la vague, à 200 mètres près. Les soldats de l’armée amassent à présent des sacs de sable autour des cabanons qui protègent les réacteurs éteints. Là, il a fallu l’atterrissage de fortune d’un hélicoptère pour découvrir 6 000 personnes abandonnées depuis cinq jours sur une colline cernée par la boue et l’océan.

Muraille. La moitié de la population a disparu dans la mer. Les survivants, depuis le 11 mars, 14 h 46, ne mangent pas et ont résisté aux basses températures en brûlant des branches et les toits de leurs maisons. Ils ont distribué l'eau, récupérée dans un magasin d'alimentation qui s'est écroulé, mais des centaines d'entre eux sont déshydratés, minés par le froid, le sommeil et la terreur. A l'aube, deux vieillards sont morts, faute de médicaments qui leur étaient essentiels et parce qu'ils n'ont pas eu la force de franchir la muraille de détritus pour appeler à l'aide. Des dizaines d'enfants, couverts avec des habits d'adultes, présentent des symptômes de sidération. Tous les rescapés sont unis par la même réalité :