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Libération

En Vénétie, des auteurs face aux inquisiteurs

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par Marcello FOIS, Dernier livre : «la Lignée du forgeron» (Seuil, le 14 avril 2011).
publié le 17 mars 2011 à 0h00

La Vénétie de la Ligue du Nord émet ses listes de proscription. L'assesseur à la culture de la province de Venise, ex-néofasciste devenu berlusconien, a proposé il y a quelques mois sur les conseils d'un collègue de parti d'ordonner aux bibliothèques publiques de cette province d'enlever tous les livres d'écrivains qui en 2004 signèrent un appel demandant à la France de ne pas extrader Cesare Battisti. Il a proposé aussi qu'aucune initiative culturelle ne soit organisée avec ces auteurs qui selon lui devraient être fichés et officiellement déclarés «indésirables». Dans le délire torquemadesque de l'assesseur, le bibliothécaire qui n'accepterait pas le diktat aurait «à en assumer la responsabilité». Une allusion à un gel des fonds, à du harcèlement, à une campagne de presse ? Peu après est arrivée une formelle prise de distance de cette initiative de la part de Francesca Zaccariotto, présidente de la province. Formelle parce que bien molle.

C’est un phénomène que nous connaissons, une réaction directe de qui, ayant assumé des pouvoirs locaux par la démagogie, n’est pas en mesure de gérer la complexité imposée par la fonction. Dans la majorité des cas, ils n’y arrivent pas parce qu’ils lisent peu ou pas du tout. Ils représentent ce stéréotype de petit chef local, obtus et querelleur, que notre pays produit périodiquement et que les grands écrivains du nord de l’Italie ont souvent décrit. Nous sommes tous le fruit de notre histoire et, que nous le voulions ou n