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Analyse

Hosni Moubarak, toujours plus haut vers la chute

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Alors que les Egyptiens sont appelés à voter samedi sur la Constitution, retour sur le parcours du président déchu, qui a peu à peu perdu contact avec la réalité.
par Gamal GHITANY
publié le 17 mars 2011 à 0h00

Le référendum du 19 mars sur les amendements constitutionnels est important parce qu’il commence à poser des règles pour arriver à un Etat de droit. Cette révolution, qui a débuté le 25 janvier, illustre à mon sens le génie du peuple égyptien et constitue un bouleversement majeur dans l’histoire de l’humanité. J’étais présent sur la place Tahrir lorsque le vice-président nouvellement désigné a annoncé que Moubarak se retirait du pouvoir, et j’ai assisté à l’explosion de liesse qui a salué cette nouvelle.

La personnification outrancière de l’Etat, mis au service exclusif de Moubarak et de sa famille, s’est finalement retournée contre lui : le seul moyen de remplacer ce système corrompu était d’obtenir son abdication personnelle. La priorité, désormais, est de récupérer les richesses spoliées et de purger l’appareil d’Etat des anciens séides encore en place. Mais comment faire pour éviter qu’un autre Moubarak accède un jour au pouvoir ? Tandis que je me pose cette nécessaire question, ressurgissent devant moi les traits de l’homme, sa personnalité, les péripéties de sa carrière que j’ai observées de loin, sa mutation de héros de guerre en malfrat accusé de vol - tragédie humaine dont la littérature ne devrait pas manquer de s’emparer dans les années à venir.

C’est en 1969, alors que je couvrais comme reporter de guerre le conflit opposant l’Egypte à Israël, que j’ai entendu parler pour la première fois du général Muhammad Hosni Moubarak. Il jouissait alors d’une excellente réput