Combien de temps résistera Benghazi ? Quelques heures, des jours, des semaines ? Mardi, il n’a pas fallu plus de quarante-cinq minutes pour que les défenses d’Ajdabiya s’effondrent. La dernière ville avant Benghazi, 160 kilomètres plus au nord, était encore hier le théâtre de combats acharnés. Alors que le Conseil de sécurité de l’ONU a commencé à se réunir hier, les forces loyales à Kadhafi sont engagées dans une course contre la montre pour reprendre ou du moins encercler Benghazi, la «capitale» de la révolution, un mois jour pour jour après son déclenchement. Un mois de souffrances, de liberté, de jubilation, d’espoirs et maintenant de peur. Trop long pour revenir en arrière, trop court pour avoir eu le temps de bâtir un embryon d’Etat, suffisamment solide pour résister au rouleau compresseur de Muammar al-Kadhafi.
A mesure que les troupes de Tripoli approchent, un mélange de panique et d'hystérie triomphaliste s'empare des cadres de la révolution. Ils savent qu'ils se sont trop exposés pour échapper à la colère du régime si jamais celui-ci venait à les arrêter. Mardi soir, quelques heures seulement après l'assaut contre Ajdabiya, Khaled al-Sayeh, le porte-parole du Comité militaire de l'insurrection, a tenu l'une des conférences de presse les plus pathétiques qu'il ait été donné de voir. La mine épuisée, le teint gris, la voix lugubre, il est venu annoncer une série de «victoires» aussi improbables que désespérées devant des journalistes étrangers interloqués, do