C’est le plus petit Etat du Golfe, le plus pauvre aussi, celui qui n’a plus de pétrole. Pourtant, le soulèvement d’une partie de sa population a transformé un conflit local en grave crise régionale, avec des implications dans tout le monde arabe. L’intervention à Bahreïn, lundi, des forces saoudiennes, secondées par des policiers des Emirats arabes unis, a provoqué l’entrée en scène de Téhéran, donnant une tout autre ampleur aux revendications démocratiques de la majorité chiite contre l’impitoyable dynastie sunnite des Al-Khalifa.
Les forces de la garde nationale saoudienne - les estimations vont de 1 000 à 3 500 hommes - ne sont certes pas intervenues dans la répression sanglante des manifestations, mais leur présence est une franche indication que le régime bahreïni ne cédera pas à l’opposition et qu’il a le soutien des autres pétromonarchies du Golfe, qui ne veulent pas de contagion démocratique. Hier, au lendemain de l’assaut sanglant - trois manifestants et deux policiers tués - contre la place de la Perle, à Manama, six leaders de l’aile dure de l’opposition (cinq figures chiites et un sunnite de gauche) ont été arrêtés. Ces derniers événements marquent la fin de tout dialogue entre le pouvoir et l’opposition. L’intervention étrangère va évidemment fédérer cette dernière, jusque-là divisée entre les formations radicales - les partis chiites Haq et Wafa -, qui demandent l’instauration d’une république démocratique, et les modérées, comme le Wefaq, qui n’a jamais appelé