Changement complet d'atmosphère hier soir à Benghazi. Après 48 heures d'angoisse, la foule laissait éclater sa joie avant l'adoption attendue de la résolution du Conseil de sécurité. Une marée humaine s'est massée devant le siège du Conseil national de transition, agitant des drapeaux vert, noir et rouge, symbole de l'insurrection, mais aussi des bannières égyptienne et qatarie, pour remercier ces pays de leur action. Tout en chantant des slogans hostiles à Kadhafi, la foule a écouté le discours du dictateur retransmis par la radio nationale. Dans son style vociférant et imagé, le Guide a menacé les habitants de la ville : «Nous venons ce soir et il n'y aura pas de pitié.»
Toute la journée, Benghazi était gagné par la panique : les commerces ont fermé et la zone de l'aéroport, à l'ouest de la ville, a été bombardée. «Jetez vos armes, rentrez chez vous ou fuyez et vous serez saufs», a déclaré le colonel, s'adressant aux rebelles qu'il a traités à plusieurs reprises de «drogués»,«d'infidèles» et de «traîtres» manipulés par les Américains, Anglais et Français, qui veulent «recoloniser» la Libye, mais aussi par des pays comme le Qatar et le Koweït.
Conscient que le temps presse, Kadhafi a incité les habitants de Benghazi à pourchasser les rebelles, appelant les membres des «comités révolutionnaires» à passer à l'action et les militaires dissidents à rejoindre les rangs gouvernementaux. «Vous serez pardonnés. Ceux qui ont ét