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Libération
Reportage

Abidjan sombre dans la terreur

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Après un bombardement meurtrier, jeudi, la population se terre ou fuit la métropole ivoirienne.
publié le 19 mars 2011 à 0h00

Dix, vingt, trente morts par jour ? Quel est le seuil de violences qu’Abidjan peut tolérer ? C’est la question que tout le monde se pose depuis qu’une série d’obus de mortier a frappé jeudi un marché d’Abobo, un quartier du nord de la ville aux mains des sympathisants du président élu, Alassane Ouattara, faisant trente morts minimum. Ce quartier défendu par un «commando invisible» était difficile d’accès vendredi, presque encerclé par les partisans du président sortant, Laurent Gbagbo. Nombre d’entre eux font partie des Jeunes Patriotes et ils n’hésitent pas à tirer sur les véhicules pour leur faire rebrousser chemin. Beaucoup d’habitants ont choisi vendredi de sortir d’Abobo, aggravant le nombre de déplacés - peut-être déjà 400 000 - à Abidjan et dans les villages. En ville, les voitures étaient encore plus rares qu’en début de semaine, les bus quasi inexistants. Les magasins avaient fermé encore plus tôt.

Les Ivoiriens sont restés chez eux. Les étrangers, de plus en plus stigmatisés, ont fait de même. Les commerces de nombreux Nigérians, situés près du zoo, ont brûlé dans la nuit. Leur faute : avoir un président qui soutient Ouattara et que Gbagbo, qui refuse de reconnaître sa défaite au scrutin de novembre, accuse d'«aider les rebelles». «On voit s'exprimer des tensions ethniques et religieuses qu'on n'avait jamais vues ici», note le représentant à Abidjan du Haut-Commissariat aux réfugiés des Nations unies, Jacques Franquin.

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