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Libération
Interview

«En Haïti, je me bornerai à jouer un rôle de conseiller»

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Questions à Jean-Bertrand Aristide ex-président haïtien, en exil depuis 2004
publié le 19 mars 2011 à 0h00

Après sept ans d'exil en Afrique du Sud, Jean-Bertrand Aristide est arrivé vendredi après-midi à Port-au-Prince, à bord d'un jet privé affrété par le gouvernement sud-africain. Jusqu'au dernier moment, les Etats-Unis ont tout fait pour empêcher le retour de l'enfant terrible de la politique haïtienne, autant adulé (dans les bidonvilles) que honni. Avant de décoller, il a accordé un entretien exclusif à Libération.

Les Etats-Unis disent que votre retour va perturber le bon déroulement du scrutin…

C'est une opinion. Mais la grande majorité du peuple souhaite mon retour et je n'ai pas le pouvoir de changer la tenue du second tour. Mais ce scrutin n'est pas une élection : c'est une sélection ! Il exclut la majorité [son parti, Fanmi Lavalas, ndlr].

Avez-vous renoncé à jouer un rôle politique ?

J’ai terminé mes deux mandats, alloués par la Constitution, même s’ils ont été interrompus par deux coups d’Etat, et je ne veux plus faire de politique. Au sein de mon parti, je me bornerai à jouer un rôle de conseiller. Je veux retourner à l’enseignement. Je vais essayer de rouvrir la faculté de médecine à Port-au-Prince. Il n’y a qu’1,5 médecin pour 11 000 habitants : les besoins sont énormes ! On a vu l’inefficacité de l’aide internationale après le tremblement de terre. Plus d’un an après, il y a toujours 1,5 million d’habitants dans des camps de fortune. En Haïti, il y a une misère infrahumaine : on continue de piétiner le droit de vote de la grande majorité des citoyens.

Ne craignez-vous pas d’être poursuivi, comme l’ex-président Jean-Claude Duvalier ?

On ne peut pas comparer un dictateur avec un président démocratiquement élu ! Lors de mon second mandat, j’ai été victime d’un