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Libération
EDITORIAL

Influence

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par Par Vincent Giret
publié le 19 mars 2011 à 0h00

Dans un monde multipolaire, ce n’est plus la puissance qui fait le rang, mais l’influence et la capacité d’alliance. Dans ce jeu subtil qui se joue sur plusieurs échiquiers, la France vient de réussir un coup de maître. Un retournement spectaculaire quand la partie semblait pourtant lui avoir échappée : elle avait traité la Tunisie avec dédain, tergiversé sur l’Egypte, joué cavalier seul sur la Libye, sans le moindre égard pour ses partenaires européens. La voilà pourtant à l’avant-garde d’une grande affaire internationale pour mettre hors d’état de nuire le tyran libyen. Avec les Britanniques, toujours disponibles, elle a rallié à sa cause le Liban, le Qatar, puis la Ligue arabe, elle a vaincu les réticences de l’Amérique d’Obama, embarqué l’Afrique du Sud, amadoué l’Italie et l’Espagne, avant que le Canada, la Norvège, le Danemark et la Belgique ne suivent en bon ordre. Chacun a ses raisons, bien sûr, plus encore ses arrière-pensées. Mais la coalition prend forme. Elle a, certes, les couleurs du Vieux Monde… Dans ce début de siècle tourmenté, les nouveaux «grands» - la Chine, l’Inde, le Brésil et la Russie - se tiennent toujours sur leur Aventin. Mais si les puissances émergentes refusent de prendre leur responsabilité, si l’Allemagne botte en touche, si l’Europe ne peut toujours pas parler d’une seule voix, alors la France retrouve un rôle et surtout une utilité. Notre diplomatie, pourtant bien mal en point, a désormais une feuille de route : entretenir l’espoir levé par