«Je me suis jeté sous mon bureau. La secousse était violente, interminable. On aurait dit des tirs de mortiers. Des objets sont tombés, se sont cassés. C'était la fin du monde. L'angoisse…» Peu après 14 h 46, le 11 mars, l'ambassadeur de France au Japon, Philippe Faure, a compris. Lorsque ce diplomate habitué aux séismes (il fut en poste à Mexico) découvre son personnel japonais «totalement blême», il craint le pire pour «sa» communauté française du Japon (près de 9 000 personnes). Une cellule de crise est montée dans l'atrium de la nouvelle ambassade montée sur ressorts, «qui a tangué comme un bateau».
Cette cellule est composée de 10 à 20 personnes (la vice-consule, une conseillère scientifique, une attachée culturelle, des volontaires internationaux et l'épouse de l'ambassadeur venue prêter main-forte) derrière un ordinateur, vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Puis, c'est l'enchaînement infernal : le tsunami, les défaillances en série des réacteurs nucléaires de Fukushima. «J'étais obsédé par ces questions. Combien de Français avaient été touchés par le séisme et le tsunami ? Combien étaient concernés par les centrales défaillantes ou susceptibles de l'être ? On croyait à chaque fois que c'était fini, mais le pire continuait. Notre stress était maximal. Dans un moment pareil, le décalage horaire avec Paris est encore plus épuisant.»
«Précaution». L'ambassade doit alors informer vite et bien. «Dans l'urgenc