La centrale nucléaire de Fukushima - «l'île du bonheur» en français - continuait vendredi de cracher son poison. L'accident a été relevé de 4 à 5 sur l'échelle qui en compte 7 par l'Agence de sûreté nucléaire japonaise (lire en page 22). «Les difficultés sont énormes», a exposé le Premier ministre, Naoto Kan, dans un discours solennel prononcé sept jours après le séisme. Comme pour préparer au pire les Japonais, il a projeté un point de référence ultime, les dures années de l'après-guerre, avec tout ce qu'elles évoquent dans le subconscient de cette nation. «Le Japon s'est reconstruit miraculeusement après la guerre. Avec la force de tous, nous allons une nouvelle fois reconstruire le pays.»
Impuissance. Les considérables dévastations du séisme et du tsunami, qui ont ravagé 500 kilomètres de côtes dans le nord-est du pays (soit 3 à 4 fois plus que le tsunami d'Aceh, en Indonésie en 2004), constituent l'autre versant de cette crise sans précédent. Le gouvernement paraît tellement soucieux de cacher son impuissance qu'il a omis de mobiliser la population de l'archipel pour venir au secours du million et demi de victimes. En Chine, lors du séisme du Sichuan de 2008, des quêtes avaient été organisées dans tout le pays. Au Japon, rien de tel. Le résultat est accablant. Non seulement les aides ne parviennent que très lentement aux destinataires en raison des difficultés logistiques, mais le volume de nourriture, de couvertures et de médic