Spécialiste de la Libye et de l'Algérie, Luis Martinez, directeur de recherche au Ceri-Sciences Po, a notamment publié Violence de la rente pétrolière : Algérie, Libye, Irak (Presse de Sciences-Po).
L’intervention internationale en Libye arrive-t-elle à temps ?
Je pense qu’il n’est pas trop tard. Le général Yunis, le chef d’état-major des insurgés, avait décidé il y a une semaine de replier ses forces, comprenant que les positions conquises les jours précédents à Ras Lanouf ou Brega étaient militairement intenables face à la puissance de feu des troupes de Kadhafi, et que s’accrocher au terrain ne mènerait à rien. Je suis aussi convaincu que cette retraite était une opération politique intelligente afin de transformer aux yeux du monde les insurgés en victimes potentielles d’un massacre annoncé. La communauté internationale ne se serait pas mobilisée pour Brega ou Ras Lanouf. Ce retrait lui permettait de resserrer ses lignes de communication et de concentrer ses forces à Benghazi, faisant en même temps de cette ville d’un million d’habitants en passe d’être encerclée un symbole semblable à Beyrouth sous le feu israélien ou à Sarajevo assiégé par les Serbes. Cela aurait pu prendre du temps, mais la communauté internationale sous la pression des opinions publiques n’aurait pas pu rester totalement sans réaction. Kadhafi, en poussant vers Benghazi avec ses troupes d’élite et son armement lourd, est tombé dans le piège. L’intervention internationale permettra aux insurgés de rétablir un rapport de force.
Quel effet aura l’intervention ?
La destruction d’aérodromes m