Drôle de fête ! Agité par bien des querelles, ce 150e anniversaire de l'Unité italienne. J'étais enfant quand on en célébra le centenaire. J'en garde un souvenir multicolore, exaltant. A l'école, on nous raconta que notre pays vivait sous le joug de l'oppression et, comme un seul homme, avec une âme et un cœur qui palpitaient à l'unisson, l'Italie s'en libéra et naquit. L'institutrice nous transportait, par la seule force de la parole, sur les champs de bataille de San Martino et de Solferino, dans la cuvette de Calatafimi, à Teano, qui, dans son récit, nous apparut comme la fin heureuse d'une aventure extraordinaire. La fin, non le début.
Cette simplification épique de l'histoire avait-elle un sens, à l'époque, ou tout au moins en avait-elle un pour nous, enfants avec la cocarde tricolore sur nos blouses d'écoliers ? Quant aux adultes, je me souviens de l'agacement de ma mère lorsqu'elle dut me coudre le drapeau. Aujourd'hui, notre Risorgimento se présente à la fête avec un visage sillonné d'ombres et de lumières, moins exaltant et moins rhétorique ; à y bien regarder, il pourrait susciter encore plus d'intérêt, si l'on considère que l'âge d'une nation est une valeur. Mais j'ignore dans quelle mesure, avec quelle passion ou curiosité, nous, citoyens ordinaires, le célébrons aujourd'hui comme un jour de fête.
J'aimerais que ce pays, compte tenu de son histoire, se pose des questions sans attendre des réponses toutes faites. Et une célébration est un momen