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Libération
Reportage

Quinze jours dans la vie d’une infirmière à Benghazi

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Patricia Vignetta, directrice des soins du Benghazi Medical Center en Libye depuis janvier 2010, a dû fuir le pays dimanche dernier. La Française raconte la désorganisation, l’urgence et l’afflux de blessés.
par Maïté Darnault, Envoyé spéciale à Benghazi (Libye)
publié le 19 mars 2011 à 0h00

Dimanche 13 mars. En fin de journée, l’ordre tombe : Patricia Vignetta doit évacuer Benghazi. La contre-offensive lancée par les forces du colonel Kadhafi qui progressent vers la capitale de la Libye libérée, inquiète son employeur, Denos, une branche du groupe médical Montaigne. Cette Française est directrice des soins infirmiers du Benghazi Medical Center (BMC), l’hôpital francolibyen de cette ville de l’est du pays où la révolution du 17 février a pris naissance. Elle avait déjà préparé un bagage a minima : les papiers importants, des bijoux, quelques vêtements.

C’est la deuxième fois en trois semaines que Patricia doit fuir Benghazi. Son premier rapatriement en France n’avait pas duré longtemps : arrivée à Paris dans la nuit du 23 février, elle avait repris l’avion le 27 février. Via Le Caire, direction Alexandrie.

Lundi 28 février. En Egypte, il faut négocier ferme avec les douaniers pour qu'ils laissent transiter sur leur territoire Cobus Locke, le codirecteur sud-africain du BMC, qui n'a pas le visa exigé. «Bakchich !», se marre Samer Azuz, l'un des membres de World Medical Camp for Libya, la fondation qui achemine gracieusement les employés du BMC revenant vers Benghazi. Avec Ramzy El Tajoury et Annas Bouhadi, de jeunes Libyens qui travaillent dans la finance à Londres ou Bahreïn, ils ont recueilli près de 200 000 dollars de dons en quelques jours, pour venir en aide à leurs compatriotes. Cet argent va servir à mettre du matériel médical à disposition des hôpi